vendredi 24 avril 2009

Sucre: épuisement et déshydratation


(résumé personnel d'une partie de session d'informations donnée par le docteur Anne Verbist à Bruxelles en 2010. Remerciements à elle et à sa collaboratrice Charlotte Brumagne pour les infos vitales et pour la correction du texte!)

L’eau et le glucose sont les deux éléments essentiels dont les cellules de notre corps a besoin pour bien fonctionner. Le manque d’eau ou de glucose engendre un mauvais fonctionnement des cellules qui finiront mêmes par mourir et ainsi causer des problèmes
Or, concernant le glucose, il y a deux types de fonctionnement très différents qui résultent en un apport de glucose aux cellules du corps. Les deux ont comme résultat que les cellules sont nourries de glucose, mais en des circonstances très différentes, et avec des effets “secondaires” très différents.
  1. Le premier type de fonctionnement par rapport au glucose est celui qui passe par le glycogène. Ça va de pair avec une bonne digestion, et il s'agit d'un fonctionnement idéal (que très peu d'entre nous ont). En grandes lignes cela se déroule de la façon suivante:
  • on met des aliments dans la bouche
  • on mâche bien – c'est important de bien mâcher, principalement pour les deux raisons suivantes:
    • la salive contient des enzymes1 indispensables pour la digestion
    • En plus, c'est dans la bouche que le système nerveux “capte” ce qui est en train d'être mangé, pour ensuite envoyer un message vers les organes digestifs concernant le type d'enzymes qui devront être produits afin de les digérer. Sans avoir vraiment goûté ce qu'on a dans la bouche, le reste de la digestion sera moins que parfait par défaut des enzymes adéquats.
  • on avale, et dans l'estomac la digestion continue. Le milieu de l'estomac est en soi neutre et pour la digestion des féculents, sucres et légumes, il restera plus ou moins neutre. La digestion des protéines (surtout animales) par contre nécessite un milieu acide, mais dans un milieu acide, les enzymes pour les féculents et sucres seront désactivés, donc pas digérés. C'est pour cette raison qu'il peut être conseillé de manger d'abord les féculents et les sucres, tant que le milieu de l'estomac est toujours neutre. Après, idéalement avec une petite pause entre les deux, on mange les protéines. Au fur et à mesure que le milieu de l'estomac devient petit à petit plus acide (ça prend environ une heure pour arriver à l'acidité requise), les féculents et sucres auront eu le temps d'être digérés, et ensuite les protéines seront digérées à leur tour.
  • Puis la nourriture partiellement digérée passe de l'estomac au duodénum, la connexion entre l'estomac et l'intestin grêle, où la digestion continue grâce à l'injection de bile venant du foie et des sucs digestifs du pancréas. Les molécules qui ont été découpées une première fois dans l'estomac, seront ici coupées en de morceaux encore plus petits. Le milieu du duodénum n'est pas acide, mais au contraire, alcalin.
  • L'étape suivante est l'intestin grêle, une vraie usine chimique où les molécules des aliments seront encore une fois découpées en de morceaux encore plus petits, prêts à passer dans le sang maintenant. Il est intéressant de savoir que c'est la paroi de l'intestin grêle même qui fait passer ces petites molécules de manière active dans le sang. C'est donc l'intestin grêle qui « décide » de ce qui passe, quand, et en quelles quantités. Les éléments qui passent la paroi seront absorbés dans le sang par le système veineux qui entoure l'intestin et voyagerons vers le foie.
  • Et c'est le foie finalement qui produira le glycogène qui sera stocké dans le coeur, les muscles et le foie même.
Maintenant, s'il y a besoin de glucose, pas besoin de l'ingérer vite fait en forme de coca ou autre aliment contenant du glucose. Le corps fait simplement appel à sa réserve de glycogène pour produire soi-même le glucose nécessaire dans la quantité nécessaire et au rythme nécessaire. Pas de pics ni de vallées, mais une production équilibrée selon les besoins du moment.
Voilà le premier mode de fournir du glucose aux cellules.


  1. Or, il y a un deuxième mode de fonctionnement, qui, malheureusement, est beaucoup plus courant, et qui se fait par l'ingestion directe de glucose et qui va de pair avec la production d'adrénaline.
Donc l'énergie ne proviendra pas d'une transformation réglée et modérée de glycogène en glucose, mais d'une « injection » directe d'un shot de glucose – le fameux coca par exemple, mais pas seulement le coca, la liste des aliments en vente contenant du glucose est interminable. Le résultat sera un pic d'énergie démesuré causé par le glucose et l'adrénaline, suivi par une vallée, un coup de pompe. Mais pas seulement ça, il y a d'autres effets à court et à long terme qui sont désastreux.
Voici le fonctionnement glucose – adrénaline.
  • On ingère (des aliments contenant) du glucose.
  • le glucose entre dans l'estomac, et, au lieu de passer par tout le processus lent et contrôlé décrit ci-dessus (fonctionnement glycogène), il entre directement et de manière incontrôlée dans le sang. Donc pas de passage « actif » réglé, mais une vraie injection. Voilà pourquoi, quasi directement après l'ingestion, on se sent déjà plus énergétique.
  • Le sang reçoit donc ce shot de glucose. Mais le sang doit maintenir un équilibre très précis appelé homéostase. Il ne peut pas contenir trop ou trop peu de telle ou telle substance, ni augmenter ou baisser trop en volume, sans mettre en péril aigu la survie même de l'organisme. Cette injection soudaine et incontrôlée de tout ce glucose perturbe bien sûr l'homéostase et doit donc absolument être résolu dans les plus brefs délais.
  • Le corps entre donc en alerte rouge. Pour baisser ce taux de glucose dangereusement haut deux stratégies sont mises en œuvre.
    • D'un côté le pancréas est mobilisé pour produire sans tarder une grande quantité d'insuline.
      • Effet à court terme : dans un premier temps le taux de glucose baisse en effet, mais comme c'était une action d'urgence, trop
        d'insuline a été libéré. Le taux de glucose continuera donc à baisser même quand il est déjà rééquilibré, et environ une demi-heure ou une heure après on entre dans l'hypoglycémie, c'est-à-dire, le taux de glucose trop bas cette fois-ci. Ceci se manifeste comme … envie et même besoin réel de sucré, de glucose. Mais si on ingère de nouveau du glucose à ce moment (comme la plupart des gens le font), le tout recommence de nouveau, et on entre dans la spirale vicieuse assez connue de pics et vallées d'énergie et de la dépendance au sucre.
      • Effets à long terme :
        • des hypoglycémies récurrentes
        • par l'excès d'appels d'urgence au pancréas, celui-ci termine par se fatiguer et se détériorer et ne plus pouvoir fonctionner proprement : maladies graves comme par exemple le diabète.
    • La deuxième grande stratégie mis en œuvre d'urgence est de diluer le sang avec de l'eau. En y ajoutant de l'eau, naturellement le taux de glucose baissera aussi. Mais cette eau doit venir de quelque part, et le corps sera obligé de la retirer d'urgence de ses propres tissus.
      • Effet à court terme : le taux de glucose baisse bel et bien, mais bien sûr, le volume du sang augmente. Ceci aussi est en soi un déséquilibre dangereux de l'homéostase. L'excès d'eau est donc enlevé, encore en urgence, par les reins et l'urine. L'effet net est donc la perte d'une quantité d'eau provenant de différentes parties du corps qui se sont « sacrifiées » pour sauver l'homéostase.
      • Effet à long-terme : si ceci se reproduit régulièrement, le corps sera progressivement déshydraté. Et le problème est surtout qu'avec chaque coca (mais aussi le café, l'alcool, les jus de fruits, et toute autre boisson qui n'est pas de l'eau pure) la même histoire se répète, et même en buvant on se déshydrate encore plus.
  • Finalement, peut-être le pire de tout ça, c'est que la production d'une grande quantité d'insuline sera toujours accompagnée par la production d'une quantité d'adrénaline par les surrénales. Pourquoi c'est grave ?
    • L'adrénaline est l'hormone de la défense. Elle déclenche un fonctionnement de lutte. Ceci inclut :
      • le mental extrêmement rapide et « efficace » mais aussi réducteur et étroit : on a besoin de prendre des décisions rapides vitales, et ne se préoccupe pas des subtilités. On n'aura pas spécialement une vision à long terme ni beaucoup de considération pour autrui.
      • on ne sent pas, ou très peu, son propre corps, ses sensations et ses émotions. En circonstances de lutte ça peut être utile de ne pas sentir la douleur, la fatigue ou la tristesse et ainsi se sauver la vie même en étant blessé ou épuisé – voilà le sens de cet effet « stupéfiant » de l'adrénaline. Par contre, il est évident que maintenir cette manière de fonctionner à long terme, en vivant d'une injection de glucose/adrénaline à l'autre, est simplement désastreux pour la santé et pour la qualité de vie. En fait, on vit dans le stress continuel, on s'use progressivement, et en plus, le monde dans lequel on vit, se limite au pur mental en état de lutte, coupé des sensations corporels et des émotions subtiles2. De cette manière, un jour « du coup » on aura une maladie grave comme le cancer par exemple, tout simplement parce qu'on n'a littéralement pas senti, pas pu sentir, les maints messages subtiles et avertissements du corps au cours du temps.
    • Deuxième raison pour laquelle les coups d'adrénaline sont à éviter: en médecine orientale traditionnelle, on dit qu'on a deux énergies de base. L'une est celle que l'on produit quotidiennement à travers la digestion des aliments et qui est donc renouvelable; l'autre par contre est une énergie que l'on reçoit à la naissance, est qui n'est pas renouvelable. Et c'est justement cette dernière qui correspond en science occidentale à celle libéré par l'adrénaline. En d'autres mots, on n'en a qu'une quantité limitée, impossible d'augmenter au cours de notre vie. C'est une énergie précieuse dont on aura besoin aux moments difficils. Si on veut une longue vie saine, on a tout intérêt à la préserver, et donc, à faire le moins possible appel à l'adrénaline.
Donc, en résumé, l'ingestion de glucose :
  • cause des pics et des bas dans le taux de glucose du sang, et donc des pics et des bacs correspondants dans notre énergie et humeur
  • fatigue jusqu'à abîmer le pancréas (hypoglycémies puis diabète et autres troubles graves)
  • déclenche un fonctionnement de lutte, caractérisé par une conscience étroite dissociée des sensations subtiles du corps et des émotions. Déjà, c'est littéralement pas une vie, et puis, fatalement on ne sait pas prendre soin de soi-même dans un tel état, et on abuse progressivement plus de soi-même.
  • déshydrate le corps. Toutes les cellules du corps ont besoin d'eau, et finalement, en manque d'eau, dépériront.
Pour donner quelques exemples concrets de l'importance de l'eau en faisant le lien avec ce qui a été décrit plus haut :
  • en manque d'eau, les cellules «amortissantes» de la paroi de l'estomac, qui sont spécialement riches en eau, ne pourront pas protéger suffisamment l'estomac même contre ses propres acides, donc: brûlures, ulcères, inflammations, etc.
  • en manque d'eau, le pancréas ne pourra pas produire suffisamment de bicarbonate pour créer un milieu alcalin après l'estomac, et la digestion ne sera pas complète. Cet eau doit être présent dans les cellules du pancréas au moment même de la production de bicarbonate. C'est-à-dire, il doit être bien hydraté depuis longtemps, et les liquides présents dans l'estomac par exemple ne serviront à rien dans ce cadre. Et si la digestion n'est pas bonne, on perdra graduellement ses réserves de glycogène et on sera obligé de manger du glucose, avec tous les effets désastreux que cela entraîne, simplement pour survivre à court terme.
Donc, c'est très très important de ne pas se déshydrater, mais au contraire, d'être toujours bien pourvu d'eau dans chaque cellule du corps. Comment arriver à cela ?
  • Tout d'abord, bien sûr, boire suffisamment d'eau. Mais attention, ça doit être de l'eau pure (donc pas de jus, de thés, de café, et surtout pas de limonade, alcool, etc). Dès que l’eau est mélangée avec quoi que ce soit (à part un peu de sel), même si ce n'est qu'un peu de jus de citron, le corps le reconnaîtra comme de la nourriture diluée, et la digestion se mettra en marche. Or, pendant que le corps est en digestion, il n'y aura pas vraiment de la réhydratation. Cela veut aussi dire que l'estomac doit être vide au moment de boire cette eau réhydratante. Sinon, dans l'estomac elle sera mélangée avec les restes des aliments présents là, ce qui reviendra à la même chose que de boire de l'eau mélangée avec autre chose. L'estomac est vide environ une demi-heure après avoir manger des fruits, et deux heures après avoir manger un repas complet (même plus si on a mangé des nourritures animales). Les meilleurs moments pour se réhydrater sont le matin avant le petit-déjeuner, et une demi-heure avant les repas.
  • Et deuxièmement, essayer de ne pas se déshydrater. Donc éviter le glucose bien sûr mais aussi être conscient que tout autre excitant aura le même effet que le glucose : déshydratation et production d'adrénaline. Donc éviter le café, le chocolat (surtout le chocolat au lait et le chocolat blanc ; le vrai chocolat noir serait moins négatif), le thé qui contient de la théine, les cigarettes, l'alcool, etcétéra.
Avant de terminer, je voudrais attirer l'attention sur la situation des enfants, qui est en effet désastreuse. La très grande majorité des enfants reçoivent en effet d'importantes quantités de glucose quotidiennement – ouvertement par des bonbons, boissons sucrées, biscuits etcetera, mais aussi de manière cachée: aliments pour bébés, ketchup, mayonnaise, sauces, soupes, légumes surgelées, pizzas, pain, la liste est quasi interminable. Et puis, quand on leur donne à boire, on donne très rarement de l'eau pure, et encore moins entre les repas, mais plutôt des boissons sucrées ou des jus. Comme on a vu avant, le résultat est catastrophique : dépendance de glucose parce que la digestion devient de plus en plus faible, déshydratation, accélération puis dépression à cause du cercle vicieux glucose/adrénaline, etcétéra. Pourtant, on peut leur donner des choses sucrées qui ne contiennent pas de glucose (les sucres lents et les fruits), on peut leur donner de l'eau à boire entre les repas, et tous on y gagnerait – même les parents en ayant des enfants moins accélérés et de meilleure humeur, et en meilleure santé.
1les enzymes sont des molécules qui coupent d'autres molécules (dans ce cas des aliments) en morceaux
2Attention : l'accélération qui est un des effets de l'adrénaline est souvent confondue avec la gaieté et le bien-être, mais est bien autre chose.

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